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A la retraite depuis bientôt trois ans, vous vous êtes installé à Bagnols dans la maison de la famille de votre épouse. Les Bagnolais vous connaissent à travers "Mémoire et Patrimoine" que vous animez en compagnie de Joseph BARREL avec beaucoup d'enthousiasme. Mais qui est Pierre GUERRIER ?
Je suis né en 1934. Après des études difficiles pendant l'occupation et le redoublement de trois classes, je me suis consacré aux sciences. J'ai été Assistant et Maitre Assistant à la Doua en Biologie et j'ai travaillé un an à l'Université de Montréal et au laboratoire international de biologie marine de Woods Hole aux U.S.A. Nommé chargé de recherche à la station biologique de Roscoff, j'y suis resté 17 ans passant maitre de recherche puis Directeur de recherche . J'ai quitté le FInistère en 1988 pour rejoindre le laboratoire de biologie de l'Ecole Normale Supérieure à Gerland.
Vos recherches portaient sur quel sujet ?
Le travail de mon équipe s'est orienté vers l'étude
des mécanismes de contrôle de la division cellulaire dont
la connaissance est essentielle pour mieux comprendre et lutter contre
le cancer. L'un des meilleurs modèles pour avancer sur ce sujet
était l'oeuf des animaux marins : étoile de mer, patelle,
palourde, moule.
Ces oeufs ont des avantages remarquables : ils sont parfaitement transparents,
ont une taille très supérieure à celle des cellules
ordinaires et ils sont très nombreux (plus de deux millions d'oeufs
dans un seul bras d'étoile de mer, pour vingt oeufs susceptibles
de murir à partir des ovaires d'une souris préstimutée
!).
Comment s'organise le travail d'un chercheur ?
Le chercheur 'fonctionnaire" travaile au laboratoire de huit heures
à vingt heures, puis il reprend en général le soir,
à la maison, de vingt et une heure à minuit, et souvent
plus, pour mettre en forme les résultats, réfléchir
et consulter les trop nombreuses publications produites par les autres
chercheurs. Pour ma part, j'ai publié 120 articles scientifiques
dont 7 seulement en français, l'anglais étant la langue
la plus utilisée pour ces communications. J'ai aussi dirigé
16 thèses. Il faut ajouter les voyages pour des colloques ou pour
apprendre une technique comme ceux effectué au Japon pour maîtriser
la micro-injection.
Les chercheurs ne sont donc pas en concurrence ?
Les chercheurs appliquent ce proverbe indien qui dit : "ce qui n'est
pas donné est perdu". Si nous communiquons des informations,
ce n'est pas pour avoir des remerciements, mais dans l'optique que cela
va produire... La recherche apprend à être modeste.
En dehors de son travail le chercheur a -t-il une vie ?
Ma femme était ingénieur au C.N.R.S et elle m'a toujours
secondé dans mon travail. Nous avons adopté deux enfants,
Sylvie et Jean-Claude. Je peins, dessine, sculpte et jardine. C'est en
Bretagne que j'ai découvert le plaisir des vieilles pierres : le
curé de Roscoff était un vrai savant et, tous les dimanches
après la messe, nous partions à l'aventure, chaque fois
nous trouvions quelque chose !
Votre passion pour le patrimoine vous a conduit à vous pencher sur le passé de Bagnols. Où en est l'association "Mémoire et Patrimoine" ?
Quarante personnes ont adhéré à l'association. Le
patrimoine bagnolais et ses richesses artistiques ont été
répertoriés, les documents d'époque étudiés
: un livre va bientôt voir le jour, reste à trouver le financement.
Avez-vous résolu le mystère de l'étoile bagnolaise?
Dix cas d'étoile la tête en bas sont dénombrés
à Bagnols. Pour moi, Bagnols c'est la paradis sur terre, cette
étoile à cinq branches représentée la tête
en bas c'est peut-être parce que notre village est l'image, le reflet
du ciel !
Cette étoile renversée peut é&galement venir
de ST Pierre qui a été crucifié la tête en
bas, et qui est peut-être patron des tailleurs de pierres locaux.
Le livre écrit en collaboration avec Joseph BARREL nous révèlera certainement d'autres énigmes et découvertes sur l'histoire de Bagnols... Tous nos voeux pour une publication prochaine et que les lecteurs soient nombreux !