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Si un chauffeur routier demande à un de nos concitoyens de lui indiquer le chemin de l'entreprise A.l.S., beaucoup restent pantois. Si on leur dit que le directeur en est Monsieur Harms, les choses s'éclairent. Mais il n'en reste pas moins ce paradoxe: vous dirigez l'entreprise la plus importante de la Commune et vous restez un personnage un peu mystérieux...
Vous êtes de nationalité allemande. Quand et pourquoi êtes-vous venu vous installer à Bagnols ?
M. HARMS - C'est une longue histoire. Tout d'abord, j'ai travaillé comme ingénieur chimiste, de l'autre côté du Rhin, dans une usine qui ne faisait pas moins de 17 kilomètres de long! Ça ne me plaisait pas du tout et je suis entré chez un fabricant de spectromètres. C'étaient d'énormes appareils qui permettaient de connaître la composition des gaz. Au bout de quatre ans, j'ai accepté une mission de démonstration de ces appareils pour Elf-Aquitaine à Pau. Je préparais une thèse de doctorat de chimie... A cette époque, j'ai connu une jeune Française qui deviendra Madame Harms et ma collaboratrice. Une succursale de l'usine fonctionnait à Lyon. J'ai demandé un poste et là, j'ai rencontré un chef de laboratoire: Monsieur Cornu. Il nous a emmenés, ma femme et moi, un dimanche à Bagnols... C'était en 1965. Nous nous sommes installés ici. Un peu plus tard, nous avons décidé de créer notre entreprise.
Que signifie le sigle A.I.S. ?
M. H. - Appareillage Industriel et Scientifique. Nous commercialisons
des appareils de mesure.
Cela veut dire que vous ne fabriquez pas vos appareils?
M. H. - Oui et non: 80 % des appareils vendus viennent d'ailleurs, essentiellement
de R.F.A., mais nous les modifions souvent, selon la demande de nos clients.
20 % des appareils sont conçus à Bagnols. Ils y sont en
partie fabriqués. Nous utilisons aussi des entreprises sous-traitantes
pour certaines parties de la fabrication: par exemple, une usine d'Oyonnax
fabrique nos boîtiers en plastique.
Quels produits fabriquez-vous, ici, à Bagnols ?
M. H. - Tous les appareils marqués A.I.S. : des thermomètres
électroniques, des hygromètres pour mesurer le degré
d'humidité... Le plus récent et le plus performant est notre
or Hygrodic or muni d'un micro-processeur que nous pouvons transformer
selon l'usage qu'en fera le client. Nous fabriquons aussi des caméras
à infra-rouge pour mesurer la température à distance
(de - 50 ° à + 3 000 °C) dont les utilisations sont très
diverses: par exemple, mesurer la température d'une cuve de vinification
mais aussi dépister un cancer du sein.
Nous commercialisons des tachymètres (comptetours de haute précision),
des stroboscopes qui permettent d'avoir une image fixe d'un objet qui
tourne très rapidement. Nous vendons aussi des spectromètres
qui permettent de mesurer les densités de chacune des couleurs
primaires dans une teinte donnée. Ces appareils sont utilisés
surtout en imprimerie.
Quels sont vos clients?
M. H. - Ils sont très nombreux et dans beaucoup de secteurs industriels
différents. Citons Michelin, EDF, Essilor, Aérospatiale,
le. Centre d'Energie atomique, Kodak, Péchiney, Grosfilex, etc.
Travaillez-vous pour l'exportation?
M. H. - C'est très difficile de concurrencer la R. F.A. dans ce
genre de produits. Nous exportons cependant en Grande-Bretagne.
Quel est le rythme de votre production?
M. H. - Nous vendons environ mille appareils par an.
Combien employez-vous de personnes?
M. H. - Notre entreprise compte treize personnes: ingénieurs, commerciaux
dont trois V.R.P., deux secrétaires, deux comptables et un employé
qui fait le câblage des appareils et qui s'occupe des expéditions.
Un technicien assure le service aprèsvente et modernise les appareils
anciens.
Nous avons visité avec le plus grand intérêt
votre atelier de recherches. Comment vous vient l'idée de concevoir
tel appareil plutôt qu'un autre?
M. H. - D'abord, il y a la demande du client, la nécessité
de mesures de plus en plus précises et enfin nos idées personnelles.
Il a fallu trois ans de recherches pour incorporer un micro-ordinateur
à notre thermomètre-hygromètre. Dans mon atelier,
je cherche... Puis mes ingénieurs dessinent les plans de l'appareil
et le développent. Nous cherchons, nous mesurons, nous notons jours
après jour nos observations. C'est un travail de patience.
Et de génie, Monsieur Harms ! Car si vos produits finis
sont très sophistiqués, pour les imaginez, vous vous servez
d'un alambic et d'une cocotte-minute! Et nous ne pouvons pas nous empêcher
de penser à ces chercheurs dont les découvertes ont tant
fait avancer les techniques.
En 1992, l'Europe... Pourrez-vous entrer dans le marché européen
sans crainte? Avez-vous des projets?
M. H. - Oui, nous essayons d'augmenter nos exportations. Ce n'est pas
toujours facile. L'informatique, c'est l'avenir. Or, dans ce domaine,
tout évolue très vite aussi bien la technique (en hausse)
que les prix (en baisse) !
Merci, Monsieur et Madame Harms, de nous avoir si bien reçus. Nous avons été heureux et fiers d'apprendre que notre village abritait une entreprise aussi dynamique et pleine d'avenir que la vôtre.
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