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Joseph BARREL

Interview 1995 :

Après trois mandats dont deux en tant que maire, vous n'avez pas souhaité solliciter à nouveau les suffrages de vos concitoyens. Qu'est ce qui à motivé une telle décision ?

La fonction devient de plus en plus prenante, surtout depuis 1983 : après la décentralisation, la responsabilité des maires s'est accrue.Et puis l'âge aidant, on arrive à être trop accaparé ! Après, c'est plus difficile d'organiser sa vie autrement.De toutes façons, l'avenir , surtout pour les petites communes , c'est que l'âge des maires diminues.

Il y a 6 ans, je n'ai pas abandonné car je voulais mener à terme les projets engagés.Cetet année, j'ai profité du fait que certains pouvaient prendre la suite.Passés 60 ans, il faut penser un peu à soi et se libérer.Depuis juin, en dehors du changement de rythme de la vie, j'éprouve un soulagement intense : plus de soucis, plus de responsabilités...

Mais pourquoi un tel engagement avant 60 ans ?

C'est mon tempérament.Depuis 1955, date à laquelle nous sommes arrivés à Bagnols avec mon épouse, nous avons constament eu une activité importante au niveau des associations : sou des écoles, cantine, basket, Union Cantonale des Oeuvres Laiques.J'ai aussi eu pendant 12 ans des responsabilités syndicales.

Qu'est ce qui a marqué vos différents mandats ?

Le premier mandat, que j'ai effectué en tant que deuxième adjoint, a été marqué par la conception et la réalisation de la salle des fêtes avec la classe maternelle et le restaurant scolaire.Je me souviens des réunions avec les architectes, les associations.Pour mon deuxième mandat j'ai été élu maire.Quand on arrive dans cette fonction, on a bien sûr quelques idées, mais on n'a pas un projet sur des réalisations précises.Deux attitudes doivent prévaloir : d'une part être pondéré et ne pas se lancer précipitament dans des tas de choses , et d'autre part être impartial.La population bagnolaise a changé : de totalement rurale elle a évolué vers une société plus mélangée ; les goûts et besoins se sont transformés.La bibliothèque , par exemple, n'est pas un investissement factice.C'est très réconfortant de voir sa réussite.Dans les petites communes , on attribue tout au maire : les réalisationq positives comme les inconvénients.En réalité , vous avez une équipe à la tête de la commune.J'ai eu de la chance dans mes deux mandats de maire : avec le Conseil, je n'ai jamais ressenti d'hostilité, il n'y a jamais eu de "coup fourré".

Vous avez eu des désappointements ?

Les gens ont du mal à comprendre que la propriété privée est limitée par le bien public.Chaque administré détient une parcelle de responsabilité.Par deux fois, j'ai été obligé de "livrer bataille" jusque devant les tribunaux pour des raisons d'hygiènes et de sécurité publique.

On vous connaît féru d'histoire.La restauration du château n'est-elle pas pour vous un souvenir extraordinaire ?

La " renaissance " du château a été une aventure.Il a fallu modifier le plan d'occupation des sols pour permettre l'exploitation du château en hôtel.Des problèmes d'infrastructure (eau et électricité) ont dû être réglés : cela n'a rien coûté à la commune car nous avons obtenu des subventions et la différence a été payé par les propraitaires du château.L'achat et restauration du château ont été une véritable aubaine.Voir les Bagnolais visiter leur château, quand c'est possible, est pour moi une source de grande satisfaction.Je suis alors heureux.

Impliqué dans votre fonction comme vous l'étiez, comment arriviez-vous à tout concilier?

En tant que directeur d'école, j'avais droit à une demi-décharge qui me permettait de me libérer pour assister à certaines réunions.Je travaillais souvent le week-end pour rattraper mon travail scolaire.C'était une vie pas très normale.Ma famille a dû adapter sa vie à la vie municipale ! Ma femme n'est jamais intervenue dans mes décisions d'élue mais elle ma aidé dans la mesure où elle a accepté mon engagement. Une chance : nous avons toujours travaillé ensemble ... on pouvait ainsi se rencontrer !Avec la retraite, je suis devenu plus disponible.Cet avantage est un inconvénient : on a tendance à se débrouiller tout seul, c'est difficile de partager les responsabilités.

Comment imaginez-vous la suite, pour vous, pour Bagnols ?

En ce qui me concerne la municipalité : tous mes voeux pour que la nouvelle organisation fonctionne bien.J'espère que les Bagnolais comprendront de mieux en mieux que l'intérêt public doit primer sur les intérêts personnels.Je souhaite en particulier que le château continue son activité;Pour mon épouse et moi-même : que notre santé nous permette de profiter au mieux de notre liberté.Nos projets : des voyages .. mais il faut faire coincider les moyens et les rêves !

 

Interview 2013 :

Bonjour Jo et merci de nous accueillir chez vous.
Nous allons commencer par le commencement,
c’est-à-dire, de quelle ville êtes-vous originaire ?

Je suis né à la ferme d’un petit village à l’époque,
qui n’est autre que Cailloux sur Fontaines, véritable petite ville aujourd’hui dans laquelle je ne retrouve même plus l’emplacement des prés où j’emmenais les vaches. Je suis issu d’une fratrie de 5 enfants. J’ai suivi ma scolarité en école primaire jusqu’en 1943, en pleine période de guerre avec un instituteur débutant remplaçant. De nombreux instituteurs avaient été révoqués sous le régime de Pétain… En 1944, j’ai passé l’examen de passage en 6ème. C’était le diplôme de fin d’études primaires. Nous étions dans des classes à plusieurs niveaux. Je souhaitais déjà à l’époque devenir instituteur.

Après l’école primaire, vous êtes allés vers quel collège ?

A l’époque, il n’y avait pas de collège sur place et nous étions obligés de prendre le train bleu qui faisait la liaison Neuville-> Lyon. Je suis donc allé chez les Frères Maristes à Neuville pendant 3 ans mais je n’ai pas voulu y rester. Mes parents connaissaient un couple de retraités qui habitait à côté d’un établissement public, le Collège des Minimes, ce qui m’a permis d’y aller en internat jusqu’au Concours de l’Ecole normale (Fondation napoléonienne) (Promotion 53). Nous avions encore les sonneries au clairon !

Quand vous êtes-vous rencontrés avec Simone ?

Nous nous sommes rencontrés à l’Ecole normale, Simone avait 2 ans d’avance. Elle a pris un poste à Liergues (création d’une classe maternelle avec 46 élèves. Un vrai challenge !). A l’époque, les instituteurs préféraient rester en ville, les conditions de vie étaient bien meilleures qu’à la campagne où les moyens étaient plus limités à tous les niveaux, mais c’était une volonté et une envie de notre part de nous investir dans un milieu rural.

Quand et comment êtes-vous arrivés sur Bagnols ?

A la sortie de l’Ecole normale, Simone et moi avons demandé un poste double à Bagnols, j’avais 23 ans. Pour y avoir droit, nous avons dû nous marier en juillet 1955 !Nous avons donc pu faire la rentrée avec 2 classes et 65 élèves. Le maire de l’époque était M. GRILLET. Nous avions un logement de fonction au-dessus de l’école.Très vite, j’ai eu la visite du facteur pour me proposer de devenir secrétaire du Basket de Bagnols. J’ai rencontré le Président du Sou des Ecoles, M. GUTTY pour que l’on y rattache le club de basket.

Et le service militaire, vous ne l’aviez pas encore effectué, qu’en est-il ?

Et bien,oui je ne l’avais pas encore effectué. J’ai été affecté sur la Base aérienne 142 de Chartres. Appelé sous les drapeaux entre novembre 1957 et mai 1959.
Pendant cette période, c’est Melle Berlioz qui m’a remplacé à l’école. N’ayant pas fait la formation des Officiers de Réserve, étant donc resté 2ème classe et ayant des enfants, je n’ai pas fait la guerre d’Algérie.

Revenons à Bagnols et à l’école ?

En 1960, nous avons fait rapatrier la cantine dans un des deux logements de fonction. Dans l’ancien local, sur la place il n’y avait pas d’eau courante ! On allait chercher l’eau avec l’arrosoir à la fontaine ! Il y avait aussi les fêtes des écoles dans le cuvage.
Il a vite fallu trouver une autre salle car le lieu devenait dangereux ! On a réuni aussi les jeunes du village dans un groupe de théâtre, avec les recettes nous faisions des sorties (ski, cheval, une journée à Paris…)En 1965, avec plusieurs collègues, parents et amis des écoles du Canton, on créa l’Union cantonale des œuvres laïques du Bois d’Oingt ; cette U.C.O.L organisait des fêtes de fin d’année, des activités créatives et sportives, des sorties. Ensuite est arrivée 1968 avec ses grèves, ses manifestations…. Ici, nous nous étions réunis avec tous les pédagos du Canton pour regrouper les écoles de Moiré, Frontenas et Bagnols. Nous avions un projet qui avait été accepté par
l’Académie : 5 classes avec la création d’une classe maternelle. Les maires étaient aussi d’accord pour investir dans un véhicule. En voulant bien faire, nous avons réuni les parents d’élèves. Erreur !!! Cela a fait capoter le projet. Les parents étaient déterminés à laisser leurs enfants dans l’école de leur commune avec le risque et la réalité des fermetures de classe. Nous étions tous déçus

On peut indiquer aussi la création de l’EBBO (Basket), avec la fusion des clubs de Bagnols et du Bois d’Oingt en 1969. J’avais été également élu pour représenter les
pédagos du canton pour les réunions sur Lyon. A Bagnols, il ne restait que 36 élèves avec des perspectives moins glorieuses qu’auparavant. En 1970, pour des raisons de commodités, transport pour nos enfants, conditions financières plus favorables, nous nous rapprochons de Villefranche. J’ai donc fait la rentrée à Belleroche. Nous revenions avec Simone tous les jours à Bagnols, car nous avions vraiment apprécié ce village. Notre maison avait été achetée pour mes beaux-parents en 1965. En 1975, j’ai été nommé directeur de l’Ecole des Garçons de Belleroche, classée en Zone d’Education Prioritaire en 1981. Simone a été directrice, en 1979, de l’Ecole des
Filles. J’ai été également élu représentant du Personnel au niveau départemental.

A quel moment avez-vous joué un rôle dans la commune de Bagnols, autre que l’école?

En 1977, je suis rentré au Conseil Municipal comme adjoint jusqu’en 1983. Ensuite, j’ai été élu maire en 1983 et jusqu’en 1995.

Et maintenant, dites-nous quelles ont été vos réalisations dans la commune en tant
qu’adjoint au Maire (Joseph Gutty) de 1977 à 1983, puis en tant que Maire de 1983 à 1995.

Je voudrais tout d’abord rappeler que le Maire n’a pas l’exclusivité du mérite dans les réalisations communales, celles-ci résultent d’un accord puis d’une décision avec le
Conseil Municipal. Les citoyens ont aussi leur part avec leurs impôts locaux. Retenons rapidement lors du mandat d’adjoint le projet et la réalisation de la salle municipale baptisée justement plus tard «salle des deux Joseph » !!! En tant que Maire nous avons d’abord terminé le travail de la Municipalité précédente : la mise en route de la station d’épuration et la vente par lots de la première tranche du lotissement du Plan.

Puis il y a eu l’aménagement de la Cure : deux logements et une salle de catéchisme. La création de la Bibliothèque dans une maison de la commune. L’installation d’une zone artisanale aux Bruyères : un logement et un hangar. L’acquisition du café : mise en place d’une cuisine et d’un logement. Participation à la création de la garderie intercommunale, la Ribambelle. Aménagement du local des Pompiers en salle de réunion (salle des Marronniers).

Enfin résolution des problèmes inhérents à la restauration du Château avec Mr et Mme
Hamlyn : réseaux d’eau et d’électricité compatibles avec un hôtel restaurant, liaison
avec la station d’épuration, relations avec les Bâtiments de France et les Monuments
historiques.

Et après, c’est la retraite ?

En 1995, je suis effectivement à la retraite… de Maire et d’enseignant. Avec Pierre Guerrier, nous écrivons le livre «Bagnols au fil des ans» qui paraîtra en 1998, nous créons l’association Mémoire et Patrimoine destinée à faire connaître les richesses historiques de notre pays. Je passe aussi beaucoup de temps à l’étranger, curieux que nous sommes, ma femme et moi des modes de vie et des paysages de notre planète.
Nous marchons aussi beaucoup, nous arpentons les sentiers de notre région, souvent avec d’anciens élèves chaleureusement retrouvés et de nombreux autres amis.
Maintenant c’est le temps de la retraite… de la retraite !!! Je ne puis terminer ce condensé de plus de 55 ans de vie rurale à Bagnols et de demi -carrière d’enseignant à Villefranche (Belleroche) sans souligner l’aide et le soutien que mon épouse
Simone m’a constamment apportés au cours de cette période d’activité. Nous ne pouvons terminer cette interview sans vous remercier, Jo et aussi Simone, pour cet
agréable moment passé avec vous.

Interview réalisée par Florence Grillot et Michel Robin

 

VIE PRIVEE VIE PUBLIQUE :

19 MAI 2016 : Cet après-midi avec Mr. le Maire Jean-Luc Dumas, nous avons rendu visite à notre prédécesseur et Maire Honoraire Joseph Barrel. Un moment convivial très agréable et emprunt de respect.

F. Godde




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