Suivez les actualités de Bagnols sur Facebook


      



LA FETE AU COLOMBIER EN 1724

Voici un exemple d'opposition entre l'autorité du seigneur et le besoin de liberté des Bagnolais .
le récit d'une folle journée de 1724, reconstitué à partir de plusieurs procès-verbaux dressés par Laurent, lieutenant civil et cri­minel de la Baronnie de Bagnols, Jean Chaugnard, garde des chasses et pêches de M. le Baron de Bagnols, Michel Bontemps, huissier royal de la sénéchaussée de Lyon, habitant le Bois-d'Oingt et Louis Lambert, greffier de la Baronnie (archives départementales 2B 66). L'affaire se déroule à la ferme du Colombier qui est située à proximité du terrain de sport et qui porte encore une tour carrée.

Donc, ce jour-là, Messire Laurent Girarde prêtre curé de Bagnols fait savoir à François Laurent, notaire et lieutenant civil et criminel, en la Baronnie de Bagnols et de Marzé et autres dépendances du château de Bagnols que « ce jourd'huy jeudi seizième août mil sept cent vingt quatre,fête de St Roch, heure de trois de relevée» (trois heures de l'après-midi) certaines gens ont porté préjudice « aux édits et déclarations de sa Majesté et aux ordonnances de nos seigneurs les Archevêques et celles de notre juridiction concernant le fait de police suivant ».

« Certains quidams ou débauchés se sont donné la liberté de faire assemblée et de jouer des instruments près de la chapelle St Roch où l'on danse actuellement sans aucune autorité» or « ces fortes assemblées sont des fêtes dangereuses ainsi que l'expérience l'apprend». Aussi « pour éviter pareil abus », curé et lieutenant « se transportent dans l'endroit appelé le Plan, du côté du domaine du seigneur de Bagnols appelé le Colombier» où effectivement ils trouvent un grand nombre de personnes assemblées qui dansaient au son d'une musette (la musette était autrefois un instrument de musique champêtre composé d'un réservoir d'air en forme de sac, alimenté par un bras, d'un ou de deux tuyaux à trous ou cha­lumeaux et de quelques grands tuyaux appelés bourdons).

Le lieutenant civil Laurent poursuit: «Dès qu'on nous a aperçus, ils se sont en grande partie retirés dans la cour de la Grange du Colombier où nous sommes entrés et où nous avons trouvé quantité de peuple de tous sexes occupés à danser ». Aussi les deux officiels donnèrent l'ordre au particulier qui jouait de la musique de cesser; ce dernier obtempère et le lieutenant s'empare de l'instrument toujours en présence du curé Girarde et rappelle au musi­cien et à ceux... qui vendaient du vin dans le Domaine « qu'ils allaient contre les ordres civils et canoniques ». Puis tous deux se retirent après avoir remis la musette au garde chasse du seigneur Baron de Bagnols pour la déposer au château. Le garde chasse Chaugnard s'exécute mais musicien et danseurs ont du mal à accepter cette saisie. Ecoutons plutôt le rapport du garde chasse: « En chemin faisant, je vois que trois particuliers m'ont suivi jusqu'auprès du château, vis à vis de la terre appelée le Rafourd (ce mot désignait un four à chaux) près du verger du seigneur. Là, ils me sautent dessus et m'arrachent la musette avec violence et il ne me reste en mains que le chalumeau de la dite musette. J'ai appris ensuite que parmi ces trois particuliers, il y aurait un dénommé Gros Claude, valet de Madame de la Platière, homme déja repris de justice et un nommé Contois compagnon p<Jtier de terre demeurant à Alix chez le nommé Alexandre Michaud, maître potier de terre du dit lieu, garçon aussi de mau­vaises moeurs ». Et, « comme ce procédé mérite répréhension », Laurent ordonne une enquête et requiert le procureur d'office pour faire rechercher les « quidams qui ont contre­venu aux édits et déclarations de sa majesté et aux ordres canoniques ».

Voilà un bal musette dont on devrait se souvenir à Bagnols ...

Extrait du livre "Bagnols au fil des ans" (Pierre Guerrier et Joseph Barrel - 1998).


Document sans titre



Toute photo ou commentaire pour compléter cette page seront les bienvenus. (contact@bagnols.net)

Haut de page